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C... comme Cold Case

Dernière mise à jour : 15 oct. 2020


Ah non ! parlons français... C...comme crime non élucidé et classé.

Mais, me direz-vous, pourquoi un nouvel article sur Généapornic ?? le premier s'intitulant G... comme Génétique, où j'ai abordé la confidentialité des données.


Eh bien c'est simple, en cette année 2020-2021 l'antenne de Pornic vous propose : un atelier de généalogie (ce n'est pas nouveau), la seconde série de cours sur la Criminologie par Jean-Marc BLOCH et un nouveau cours : Un peu de génétique pour comprendre l'actualité, par Jean-Noël HALLET.


Mais où ces domaines se rencontrent-ils ? Depuis quelques années les résultats de tests ADN -bien que censément confidentiels- servent à la police pour rechercher si les relevés ADN faits sur une scène de crime ont un écho dans les bases de données des sociétés faisant des tests pour des personnes à la recherche de leurs ancêtres.


Les enquêtes judiciaires



En 2018, premier cas où la généalogie génétique vient à l'aide de la police :

le laboratoire GEDmatch a pu aider la police à arrêter le tueur du Golden Gate : Qui est le "tueur du Golden State" qui a terrifié l'Amérique à la fin des seventies ?



Récemment encore, en Suède, comme le raconte Guillaume de MORANT dans un article de la Revue Française de Généalogie du 21 septembre 2020 :

En Suède, le double crime de Linköping commis en 2004 a été résolu en utilisant la généalogie génétique. Un matin d'octobre, Anna-Lena, 56 ans et le petit Mohammed, 8 ans, sans lien antre eux avaient été poignardés dans le centre de la paisible bourgade. Depuis, les enquêteurs n'avaient eu de cesse de pourchasser le coupable, et malgré les indices, notamment de l'ADN, ils n'avaient jamais réussi à l'identifier.

Sauf que depuis le 1er janvier 2019, la Suède a autorisé les rapprochements d’ADN familiaux, les policiers peuvent pratiquer ce que l'on appelle aux Etats-Unis la généalogie génétique policière .

En partant d'un ADN inconnu, celui prélevé sur la scène de crime et qui n'est pas celui de la victime, les enquêteurs l'ont comparé avec les bases de données officielles de criminels du pays.

Mais cela n'a rien donné, parce que le meurtrier n'avait jamais été testé. Alors, les policiers suédois ont eu l'autorisation légale de se diriger vers les bases de données ADN grand public. Il s'agit entre autres des sites américains Verogen-gedmatch et Family Tree DNA.

L'ADN du suspect n'y figurait pas, mais celui de l'un de ses frères. C'est comme cela qu'ils ont pu identifier Daniel Nyqvist, qui vivait seul, désocialisé dans la banlieue de Linköping. Il leur a suffi de prélever son ADN pour le faire correspondre parfaitement avec celui de l'inconnu de la scène de crime. La technique, légale en Suède, n'est pas autorisée par la loi française.

L'homme âgé aujourd'hui de 37 ans a été arrêté en juin 2020, il a avoué être sorti 15 ans auparavant un matin, un couteau dans la main et avoir tué ses deux victimes rencontrées au hasard. Son procès s'est ouvert mi septembre 2020.




Le fait a été relaté sur FranceTVinfo le 15 septembre 2020.






Image Paris Match du 18/03/2020

Guillaume de MORANT a également publié un article sur le sujet dans le magazine Paris MATCH :


Même dans les séries les plus folles, aucun policier n’obtient de pareils résultats. En deux ans, l’Américaine CeCe MOORE, généalogiste génétique, a résolu une centaine de « cold cases », ces crimes non élucidés faute de preuves. Grâce aux laboratoires de décryptage génomique, on parvient, par recoupements, à retrouver des assassins plus de cinquante ans après leur forfait ! En France, à cause d’une législation stricte sur les données privées, ces techniques sont très – trop ? – limitées. Notre police scientifique compte tout de même quelques belles réussites.



Récemment, en France, la gendarmerie nationale a officialisé une division "cold case" au sein de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale. Cette unité avec des experts venus de différents horizons, sera basée à Cergy-Pontoise en Île-de-France. info France Inter


J'espère que cette image n'est pas contractuelle !


Sur Le Figaro,

Retrouver la trace de criminels dans la nuit des temps et refermer des plaies familiales ouvertes parfois depuis des décennies. Au-delà de l’effet d’annonce qui ferait les délices d’un producteur de séries, la gendarmerie a dévoilé, vendredi, sa nouvelle division «cold case», celle qui traite des crimes non élucidés.

«C’est avant tout un enjeu humain car les disparitions inquiétantes ou les crimes complexes non élucidés sont porteurs d’une importante charge émotionnelle. Malgré l’engagement des services d’enquête, ces affaires non résolues sont régulièrement citées pour illustrer l’inefficacité ou l’inertie des unités d’investigation et de la justice», observe le général Bernard Thibaud, sous-directeur de la police judiciaire pour lequel «ces dossiers doivent continuer à vivre» jusqu’à leur élucidation, érigée au rang de «devoir» par les enquêteurs et pour les victimes.


Sur 20 minutes :

« Apporter un nouveau regard »

Pour créer cette division, « la gendarmerie peut s’appuyer sur le travail considérable qui a été réalisé par la cellule Ariane dans le cadre de l’enquête sur la disparition de la petite Maëlys », souligne le général Bernard Thibaud, à la tête de la sous-direction de la police judiciaire. Structure  créée début 2018, la cellule Ariane avait pour mission de centraliser toutes les informations concernant le principal suspect du meurtre de la fillette, Nordhal Lelandais, et de recenser des affaires non élucidées « susceptibles de lui être imputées », notamment « au regard de son dossier et de son parcours », poursuit l’officier. En tout, environ 900 dossiers ont été rouverts et analysés par les enquêteurs.


D'un autre côté, tant les sites du Ministère de l'Intérieur que celui de la Gendarmerie nationale sont très discrets sur le sujet...


Expertises ADN et techniques de profilage

... Mais le véritable atout des enquêteurs d’aujourd’hui reste la révolution des techniques d’identification génétique. C’est grâce en effet à l’ADN que la plupart des "cold case" sont résolus. "Les technologies actuelles font que l’on peut obtenir aujourd’hui des résultats avec des quantités infimes d’ADN ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans", explique Hélène Charel, cheffe du département expertise génétique. Les enquêteurs peuvent donc reprendre d’anciens scellés, d’anciens objets retrouvés sur la scène de crime, procéder à de nouvelles expertises ADN et parvenir à identifier un auteur, quand cela n’aurait pas été possible au moment de la première enquête...



LA GéNéALOGIE GéNéTIQUE



Dans la présentation de l'ouvrage de Nathalie JOVANOVIC-FLORICOURT, voici comment est présentée la discipline :

Ce test permet de déterminer les origines ethniques mais aussi d’identifier les ancêtres communs, partagés avec des cousins génétiques, jusqu’à 8 générations précédentes.

L’analyse du chromosome Y, présent uniquement chez les hommes, permet d’identifier une lignée familiale masculine, jusqu’aux temps archéologiques.

Le test mitochondrial, présent chez les hommes et les femmes, permet d’identifier un ancêtre archéologique.

Selon les offres commerciales des laboratoires, certains tests peuvent être associés.

Le laboratoire de généalogie génétique permet de réaliser un/plusieurs test(s) mais surtout donner accès à une base de données des autres testés génétiques partageant des segments d’ADN (appelés matches ou correspondances) avec nous, étant donc des cousins génétiques avec un ou plusieurs ancêtres communs.


J'attire votre attention sur le segment de phrase : Selon les offres commerciales des laboratoires...

Car ces tests sont également utilisés pour repérer les maladies auxquelles votre patrimoine génétique vous expose. Donc, donc, s'il y a fuite des données - ou tractation commerciale ??- des "sociétés" peuvent avoir accès à vos informations. la plus grande crainte à avoir étant du côté des assurances.


Rappel : ces tests sont encore interdits en France, il n'y a que des laboratoires étrangers pour vous les proposer, ne vous étonnez donc pas d'avoir des ancêtres anglo-saxons, puisque les résultats correspondent à leurs bases de données...


Dans un article du blog AVG (Anti Virus Gratuit), il est question des implications des tests ADN en matière de vie privée : Pour quelle raison pourriez-vous remplir une petite fiole de votre salive et l'envoyer par la poste pour une analyse ADN ? Pour rigoler ? Vous voulez savoir si l’odeur d’asperges de votre urine est due à des facteurs génétiques ? Vous voulez en savoir plus sur vos ancêtres ? Ou peut-être voulez-vous savoir si vous avez une prédisposition génétique pour une certaine maladie ? Ces 10 dernières années, on a assisté à l'avènement d’entreprises de tests d'ADN grand public telles que 23andMe, AncestryDNA, MyHeritage DNA ou encore FamilyTreeDNA. Ces entreprises misent sur le fait que vous ne pouvez pas vous sentir épanoui sans disposer d’une connaissance encyclopédique de votre ADN. Et devinez quoi ? Elles ne pourraient pas s’épanouir sans ces informations non plus. 

...

Son intérêt principal est d’en apprendre davantage sur votre généalogie et vos ancêtres. En envoyant un échantillon de salive, vous pourrez découvrir le pourcentage des différentes ethnies qui composent votre patrimoine et les personnes avec lesquelles vous êtes lié, si celles-ci figurent dans la base de données.


Et vous pensiez que vous étiez les seuls à détenir les résultats ? Quel leurre... Le blog d'AVAST vous met également en garde :

Nous partageons déjà beaucoup (voire trop) sur les réseaux sociaux et avec des centaines d'entreprises dans le cadre de l'utilisation toujours plus importante des nouveaux outils et fonctionnalités numériques. Nous « payons » pour ces services incroyables avec nos informations et nos préférences personnelles, ce qui peut nous donner l'impression que nous obtenons quelque chose gratuitement. En partageant nos données biométriques et même notre ADN, nous effectuons un nouveau pas dans cette direction. Les avantages potentiels scientifiques et personnels sont incommensurables mais nous avons peu de recul pour comprendre comment ces décisions de partage peuvent revenir nous hanter, de façon individuelle comme de façon collective.

...



Pour bien comprendre tous les enjeux, je vous invite à lire l'article correspondant dans GENEAWIKI : Généalogie génétique







Egalement disponible : un numéro HS de la Revue française de généalogie paru en mai-juin 2020 : Généalogie & ADN





Par ailleurs GENEANET s'est lancé dans l'aventure en vous proposant d'intégrer le résultat des tests que vous aurez obtenus d'un laboratoire : Trouvez vos cousins grâce à votre ADN









Le dernier numéro de Sciences et Avenir, paru ce mois-ci, aborde également le sujet .








Pour terminer je vous invite à lire un livre passionnant, présenté ainsi par Mathias GERMAIN en avril 2020 :

L'histoire de l'humanité racontée par une spécialiste de la génétique des populations. Vertigineux.

Évelyne Heyer, spécialiste reconnue d'anthropologie évolutive, remonte la piste ténue et emmêlée de notre ADN, celui d'Homo sapiens. Grâce à la puissance de l'informatique et aux techniques d'amplification de l'information génétique, les scientifiques savent faire parler l'ADN d'humains actuels, mais aussi celui de nos lointains ancêtres, et remonter à la filiation des individus aux gènes qu'ils portaient. La plus vieille séquence ADN étudiée à ce jour date de 400 000 ans. Elle a été extraite des restes humains retrouvés à la Sima de los Huesos, au nord de l'Espagne. Dans ce livre qui convoque les derniers résultats obtenus par la génétique et la paléoanthropologie, l'auteure nous invite à un vertigineux voyage autour de la planète et à travers le temps. Nous cheminons aux côtés d'Homo sapiens, mais aussi auprès d'espèces disparues comme Néandertal et Denisova, ainsi que des premiers agriculteurs du croissant fertile. L'anthropologue généticienne de terrain ...



 
 
 

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