G... comme génétique
- Dominique
- 21 mai 2018
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 mai 2020

Allez, un sujet très à la mode : la généalogie génétique.
Et tout d'abord un ouvrage (que ne ne possède pas et que je n'ai pas lu) qui devrait tout vous dire : L’ADN, un outil généalogique de Nathalie Jovanovic-Floricourt. Archives & Culture, 2018. 10€ .

Une critique à écouter, émission d'Hervé Pauchon sur France Inter :
"Non, je n’ai pas effectué un test génétique pour retrouver un père naturel, mais le test génétique réalisé m’a permis d’obtenir des éléments d’identification d’un père naturel dans ma généalogie."
A savoir :
L'ADN a été découvert en 1944 comme constituant un élément essentiel du matériel héréditaire. L'ADN détermine toutes nos caractéristiques organiques, morphologiques et parfois pathologiques. L’ADN détermine notre identité et permet de différencier un individu d'un autre. En 1953, MM. Watson et Crick ont établi le schéma de la structure en double hélice de l'ADN. En 1984, le professeur Alec Jeffreys découvre ce que l'on appelle communément «l'empreinte génétique» qui allait être largement utilisée dans le domaine des recherches judiciaires.
Une petite vidéo pédagogique, mais sympathique !
La génétique : Arbres généalogiques et hérédité - SVT - digiSchool
En France, les tests génétiques sont -encore- interdits mais beaucoup s'adressent à des laboratoires étrangers. D'ailleurs aux Etats-Unis la guerre commerciale entre les différents acteurs est déclarée : 23AndMe a attaqué Ancestry en justice pour contrefaçon de brevet. Si ces mastodontes de la généalogie se livrent de telles batailles, c'est évidemment que les enjeux financiers de l'ADN sont colossaux. En France, les opérateurs nationaux n'ont pas le droit de commercialiser ce type de tests, ils doivent se contenter de regarder les opérateurs américains -qui désormais ne se cachent plus-, inonder le marché français.
Toutefois, Geneanet a décidé de s'engager dans le débat qui se tient actuellement autour de la révision de la loi sur la bioéthique(voir les différents articles sur le blog du site). Dans la dernière newsletter envoyée à des dizaines de milliers d'abonnés, le portail français a pris clairement position : "Nous militons pour une modification de la loi en incluant des gardes-fous éthiques pour éviter les abus".

Et désormais, en 2020, vous pouvez enregistrer votre profil génétique sur Geneanet qui se charge de trouver vos "cousins" (avec une potentielle marge d'erreurs ...)
Mais à quoi servent ces tests ? la généalogie génétique, c'est le fait de déterminer les origines géographiques à travers une analyse de l'ADN. En gros, vous transmettez à des organismes privés un peu de votre salive, ils l'analysent, et sont capables de vous dire d'où venaient vos ancêtres: les mutations génétiques dont nous sommes porteurs étant liées à des zones géographiques. Mieux vaut s'adresser à plusieurs laboratoires pour comparer les résultats, car la fiabilité n'est pas toujours au rendez-vous....... A l'origine (2006)23AndMeproposait de décrypter votre génome pour vous prédire vos problèmes de santé, trop peu fiable dans le domaine médical, las société s'est consacrée à la généalogie.
Voici ce qu'en dit Titiou Lecoq en 2015 :
" Si on résume: j’ai donc refilé ma salive et mon ADN à une entreprise privée américaine dans laquelle Google a des parts, une entreprise qui aimerait beaucoup que je l’autorise à revendre mon échantillon à d’autres entreprises dans le cadre de recherches médicales. Evidemment, vous avez la possibilité de refuser mais je tiens tout de même à insister sur le fait que ce genre de démarches ne sont pas anodines. Le but avoué de 23andme est d’obtenir le plus d’ADN différents pour mener ensuite des recherches médicales sur ce big data génétique. "
(Maintenant si vous souhaitez une entreprise européenne : Igenea, site suisse qui propose de réaliser des tests à partir de la modique somme de 179€...)
Video : Je découvre mes origines...
De même, il existe un site, Geni, lequel, grâce à Yaniv Erlich, informaticien de l’université de Columbia et surnommé «le hacker du génome», qui a compilé, nettoyé, réorganisé quatre-vingt-six millions de profils publics disponibles sur Geni. Ce site de généalogie collaboratif permet depuis 2007 de rentrer son arbre généalogique.
Comme n’importe quel site? Oui et non, parce que Geni –qui annonce plus de 120 millions de personnes, mortes ou vivantes, référencées– permet de fusionner les données: noms, dates, mais aussi, depuis cette année, les résultats de tests ADN. Si deux infos déposées par des personnes différentes matchent entre elles, les arbres fusionnent en un arbre unique, qui peut ainsi prendre des dimensions gigantesques.

Sur le blog De France et d'Aïeux , une explication de l'arbre phylogénétique

Et voilà comment le laboratoire GEDmatch a pu aider la police à arrêter le tueur du Golden Gate. Slate :
23andMe sont des sites de banques de données d’ADN, alimentées volontairement par des personnes qui cherchent à faire leur arbre généalogique ou se découvrir des cousins éloignés à l’autre bout du continent. C’est un outil gratuit, qui ne fonctionne que grâce à la participation de Monsieur et Madame Tout le monde. Lesdites informations ne sont jamais transmises aux services de police, sauf à obtenir un mandat des autorités compétentes. Ce qui, pour des raisons de vie privée, est compliqué à obtenir, même sur le sol américain. Pour les enquêteurs, ce genre de sites est un excellent moyen de voir leur chance tourner. Il est l’aimant surpuissant permettant d’attraper l’aiguille dans une botte de foin.
Interrogés par des journalistes, 23andMe et Ancestry démentent formellement avoir aidé les autorités dans l’affaire du tueur du Golden State. Mais ils ne sont pas les seuls sites de banque de données ADN. Le site GEDMatch, qui contient plus de 650.000 profils ADN, ne nécessite aucune décision d’un magistrat. Il est ouvert à tous et en accès libre. Trois jours après l’arrestation de Joseph DeAngelo, Paul Holes, un inspecteur à la retraite travaillant toujours pour le bureau de la procureure Anne Marie Schubert, est bien forcé de l’admettre: ils ont utilisé GEDMatch pour remonter jusqu’à Joseph DeAngelo.
Et un article du Monde sur le sujet : La police américaine utilise les données ADN des sites de généalogie pour résoudre des affaires de meurtre
La méthode fait grincer des dents, étant donné qu’elle pose la question de l’accès aux informations personnelles (qui? pourquoi?). Mais le vide juridique profite aux enquêteurs.
Attraper des criminels, c’est parfait, mais imaginons qu’un tel fichier soit aux mains de responsables politiques tels les nazis, les Hutus, les Tutsis et autres fous de la purification ethnique ? De toute façon si on veut remonter très, très, très loin, nous avons tous des origines africaines...
Pour moi, nous sommes davantage la somme de notre éducation, notre environnement, notre passé familial, et cela même sans lien génétique avéré : je ne suis pas encore décidée à pratiquer ce genre de tests... Reste à savoir pourquoi nous recherchons les traces de notre passé familial, dans quel but ?

En septembre 2017, la Documentation française a lancé une nouvelle collection (Point CNIL) dont le premier titre est : Les données génétiques.
Voici un article récent de Nathalie Jovanovic-Floricourt sur son site Généalogie génétique:

Et encore un article : La généalogie génétique est-elle vraiment de la généalogie ?
Je vous laisse en décider...
A côté de ces études personnelles, il existe une science qui se nomme Génétique des Populations, science probabiliste qui analyse au moyen d’un grand nombre de marqueurs génétiques des cohortes d’individus importantes.
Le prestigieux Collège de France se met à étudier les migrations... voici l'introduction à ces cours : François Héran, chaire Migrations et Sociétés

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