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R... comme Registre clandestin !



Image du Site Vendéens et Chouans

Parcourant les registres de Saint-Lumine-de-Coutais sur les archives en ligne de Loire-Atlantique, je tombe sur -devinez quoi ?- un registre paroissial clandestin !! Tenu par François Chevalier (ou Chevallier) il relate les BMS, mais aussi tous les événements marquants de sa paroisse lors de ces heures noires des guerres de Vendée entre 1791 et 1814.





En 1789 il devait se rendre aux Etats-Généraux



Ce prêtre était vraisemblablement un "sacré bonhomme" et son parcours mérite d'être connu. D'ailleurs il fait l'objet d'une notice sur Wikipédia et Jaurès le cite en ces termes :

Écoutez l’aveu qu’un prêtre réfractaire, François Chevalier, fait de ces abominables violences ; écoutez surtout comment il les justifie :

« C’est à Machecoul que commencèrent et se perpétuèrent ces horreurs, un carnage que l’on aurait peine à imaginer. Dans le premier jour, c’est-à-dire le lundi 11 mars, on ne se fut pas plus tôt saisi des patriotes qu’on les conduisit en prison, l’un après l’autre ; mais, chemin faisant, plusieurs furent assommés à coups de bâton, d’autres furent fusillés. Il est vrai que la gendarmerie et la garde nationale avaient eu l’imprudence de faire feu les premières, et quoiqu’elles n’eussent tué ni blessé personne, au moins grièvement, cette décharge fut le signal de la guerre. On leur riposta sur-le-champ avec un peu plus d’effet, et de là suivirent des massacres, des vols, des pillages et des violences sans nombre.

« La même chose à peu près se passa en même temps dans les autres petites villes de district, tant de la Loire-Inférieure que de la Vendée, comme Legé, Rochecervière, Montaigu et autres semblables. Mais il n’y en eut point qui, comme la capitale du pays de Retz, aient été si longtemps le théâtre des cruautés et des vengeances.

« L’insurrection fut générale dans les environs de cette ville et, par un changement qui parut un effet de la Providence, ceux qui, depuis deux ans, se faisaient un jeu d’incarcérer, de persécuter et d’inquiéter tous les citoyens, éprouvèrent, en ce moment, la peine du talion. Le pillage qu’ils avaient désigné pour le 12 de ce mois fut tourné contre eux-mêmes. Il ne faut pas s’étonner si ces machinateurs de guerres intestines, de schismes et de révolutions furent traités sans miséricorde ; ils n’avaient fait grâce à personne et comptaient encore moins en faire par la suite.

« Ce n’est pas qu’on veuille ici excuser les traits d’inhumanité et d’illégalité des proscriptions auxquelles le peuple se porta dans ces événements tragiques : mais on ne peut s’empêcher d’apercevoir la vengeance de Dieu sur la France, en général et sur toutes ses parties…

« On trouva, le jour du sac de Machecoul, sur l’autel de l’église des religieuses du Calvaire, une peau de veau bourrée de paille, se tenant debout et représentant cet animal vivant. En parallèle, de l’autre côté, était un cheval de bois, nouvellement enlevé d’une paroisse voisine, à qui il servait d’instrument pour une espèce de quintaine. On sut après que c’est en présence de ces deux idoles que se jouaient les pièces de théâtre et les bacchanales mystérieuses et nocturnes des habitants de l’un et l’autre sexe de cette malheureuse ville ; quelques-uns disent que c’étaient les pastorales ou exercices innocents de l’enfance sur la naissance du Messie, ce qui est plus probable, mais n’excuse rien, l’autel ne pouvant servir de théâtre à un exercice profane. Il semblait qu’on eût abjuré partout, et il n’est point d’impiétés auxquelles les écrivains et les libertins ne se livrassent, soit dans les lieux publics, soit dans les maisons particulières. On peut dire que cette malheureuse Révolution est l’époque de l’infâme substitution du paganisme aux principes catholiques… Est-il donc étonnant que Dieu ait enfin vengé sa cause et livré des scélérats qui ne connaissaient plus de frein au bras vengeur de toute une population effrénée ? »

Notez que cette apologie abominable est aggravée par le mensonge et par l’hypocrisie. Il est faux que les patriotes eussent annoncé et organisé le moindre pillage. Il est faux qu’une seule exécution ait eut lieu en Vendée avant les massacres de Machecoul. Et comment qualifier le prêtre qui fait un crime à toute une ville de ces habitudes de culte populaires et un peu enfantines que le clergé lui-même avait propagées, et qui voit là une excuse à une tuerie de vingt jours ?

« Chaque jour, ajoute le bon prêtre, était marqué par des expéditions sanglantes, qui ne peuvent que faire horreur à toute âme honnête, et ne paraissent soutenables qu’aux yeux de la philosophie. Il faut cependant convenir qu’on ne fit point, à beaucoup près, autant d’horreurs qu’au 2 septembre, à Paris ; on n’y fit même rien d’approchant. Cependant, les choses en étaient à un point que l’on disait hautement qu’il était indispensable et essentiel à la paix de ne laisser aucun patriote en France. Telle était la fureur populaire qu’il suffisait d’avoir été à la messe des intrus, pour être emprisonné d’abord, et ensuite assommé ou fusillé, sous prétexte que les prisons étaient pleines comme au 2 septembre. »

Et, quand les prêtres, tout en affectant de blâmer ces excès de barbarie, y voient une juste vengeance de Dieu sur la France impie, qui arrêtera les paysans fanatisés, instruments de cette vengeance divine ? M. Germain Bethuis, fils d’un des massacrés de Machecoul, a très bien noté les deux traits de la tactique vendéenne : la démagogie rétrograde qui ameutait toutes les passions jalouses contre la bourgeoisie, classe révolutionnaire, et la systématique extermination des patriotes.

La Convention sur Wikisource


Le Massacre de Machecoul, huile sur toile de François Flameng (1856-1923) réalisée en 1884.


Sur cette période troublée vous pouvez consulter : la présentation des archives militaires sur le site des AD Vendée et un document L'insurrection de mars 1793 en Loire-inférieure, de l'Association Nantes Histoire


Le blog Shenandoahdavis vous apportera toutes les lumières sur le sujet

avec une petite recherche "Saint Lumine de Coutais".

Voici un petit "florilège" de ce que vous pouvez trouver sur ce fameux registre, que je vous invite vivement à consulter si le sujet vous intéresse :







Le moulin de l’Ebaupin, mémorial des guerres de Vendée : ce moulin à vent fut le témoin de l’exécution des frères Billot, Jean-Marie et Simon, meuniers, fusillés le 13 avril 1793 lors d’un passage de l’armée de Mayence. Un mémorial y fut aménagé et inauguré le 12 septembre 1954. A l’intérieur des plaques de marbre portent les noms des 272 victimes de la Terreur (ce qui représente près du quart de la population d’alors). A l’extérieur, une croix, adossée au moulin, commémore la mort des deux frères.


Un prénom masculin revient assez souvent à la lecture du registre "Leobin", qui est celui du saint de la paroisse : Le nom de Saint-Lumine dérive de celui de son saint patron, Léobin, né à Poitiers à la fin du Vème siècle et qui fut évêque de Chartres de 544 à 557. De Sanctus Leobinus, on passe à Sanctus Liminius en 1059, puis Seint Lemine en 1362 et Saint Lumine de Coustays en 1409. Le nom de Coutais vient quant à lui d'une racine latine costa signifiant coteau. (notice trouvée sur le site de la commune)







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