P... comme patronyme
- Dominique
- 13 mai 2018
- 8 min de lecture

Nom, prénom, surnom, nom propre, patronyme, sobriquet, alias, pseudonyme, nom de famille, nom propre, prête-nom…. Tant de termes pour désigner une personne, quelques précisions s’imposent, non ?
Quatre dictionnaires à consulter en ligne : le TLFI (Trésor de la Langue Française Informatisé), le CNRTL (Centre National de ressources Textuelles et Lexicales), mais aussi bien sûr : le Littré et le Larousse.
Pour ce qui concerne le patronyme, base de nos recherches généalogiques, tout le monde s'accorde à dire qu'il est apparu au Moyen Age aux XIe et XIIe siècles, au moment du pic démographique, car il a fallu alors distinguer les porteurs du même prénom. Voici ce que nous dit le site medieval-moyen-age.net :
Ils sont tous issus au départ d’un surnom individuel définissant notre ancêtre. Ces surnoms peuvent être tous classés dans quatre grandes catégories :
- Surnoms évoquant le nom de baptême du chef de famille : Jehan Martin, c’est Jehan, fils de Martin
- Surnoms évoquant l’origine géographique ou la localisation : Jehan Langlois, c’est Jehan l’Anglais, Jehan Duchesne, c’est Jehan du chêne (qui habite à côté du grand chêne)
- Surnoms traduisant le métier : Jehan Marchand, Jehan Boulanger, etc.…
- Surnoms nés d’un sobriquet : Charles le Chauve, Jehan Courtois, etc.…
Certaines régions de France ont conservé la marque de filiation, comme le Berry (à cheval entre pays de langue d’oc et d’oïl) où l’on trouve : Ageorges, Aubernard, Alamartine, etc.… (le fils à Georges, le fils au Bernard, etc.…)
En ce qui concerne les noms de famille issus d’un métier, ils sont, pour la plupart, liés à la vie agricole ou à l’artisanat :
- Fromentin : producteur de blé
- Rabier : producteur de raves
- Coulomb ou Coulon : éleveur de pigeons
- Cabrera : éleveur de chèvres
- Poudevigne : celui qui taille les ceps
- Messonnier ou Métivier : tenancier d’une ferme
- Pelletier : celui qui fabrique ou vend des fourrures
- Larsonneur : Fabriquant d’arçons
Pour les noms issus d’une localisation, ce peut-être lié, soit à un voisinage (Castagnier, près d’un châtaignier, Nouet, près d’un endroit marécageux….), soit à une provenance (Lebreton, Manceau…)
Les noms de familles issus d’un sobriquet évoquent une caractéristique physique, morale ou sociale de l’ancêtre initial (Legros, Lenain, Sarrazin, Chauvin, Roux, etc.…)
Cette période de forte croissance démographique entre 900 et 1300 est liée à un essor des découvertes technologiques telles que la brouette, la charrue, etc. etc. Vous pouvez consulter le tableau proposé par Wikipedia.
Châteaux, armoiries, culte du patronyme, droit d'aînesse : ces traits semblent des caractéristiques éternelles de la noblesse française. Pourtant, ils ne sont apparus qu'aux alentours de l'An Mil. Après des siècles d'une organisation familiale différente, et bien oubliée, qui faisait une place plus large aux droits des cadets et des femmes.Puis vient le petit âge glaciaire, marqué par la fameuse peste noire... Campagnes dépeuplées, villages abandonnés, familles décimées : la Peste noire a été un choc démographique, économique, moral. Et un temps de grandes mutations. L’Église et la monarchie en sont sorties renforcées.
Pour le commun des mortels, on a rajouté un surnom au nom de baptême, sans qu'aucune loi ne vienne réguler l'invention de ces patronymes, qui sont bien souvent attribués par des tiers, et donc parfois empreints d'ironie...
Autre élément d'importance : l'orthographe n'a pas encore été inventée....ils sont nés du langage oral, et parfois teintés de patois. Donc pour vos recherches, attendez-vous à des écritures différentes et n'excluez pas les autres graphies de votre nom ! Dans un même acte vous pourrez trouver votre nom écrit de manières différentes.
Je pense que si le prêtre n'était pas familier de la paroisse il devait transcrire ce qu'il comprenait de ce qu'on lui disait... ainsi j'ai un Henri Le Mat qui est devenu Vat le temps de son mariage...

Le Guide-Généalogie de généatiquenous fait un bref résumé:
On devra attendre 1877 et la création du livret de famille - et la généralisation de l'alphabétisation - pour que l'orthographe des noms de famille se fixe.
À la suite de la destruction totale de l'état civil parisien lors des incendies de la Commune de Paris en mai 1871, le livret de famille est institué le 18 mars 1877 par la circulaire de Jules Simon, président du Conseil et ministre de l'Intérieur. Celle-ci précise que « les livrets de famille constitueront en quelque sorte un troisième dépôt des actes d'état civil confié à la garde des intéressés et seront une source de renseignement précieux pour le cas où les registres viendraient à être détruits. » Sa possession est facultative.

Le mode d'identification a été favorisé, en 1539, quand François Ier a signé l'édit de Villers-Cotterêts, qui impose le français pour la tenue des registres paroissiaux d'état civil. Timidement, le surnom se cristallise en nom de famille. Mais la fixation des patronymes n'est pas totale. Les noms italiens peuvent perdre leurs i, o ou a. Et les roturiers ne se gênent toujours guère pour s'offrir une particule et un beau nom en achetant un lopin de terre.
Bien sûr la révolution a mis son grain de sel avec la loi du 6 fructidor An II (23 août 1794) : C’est la loi sur laquelle se base toute la règlementation sur l’écriture et l’usage des noms de famille.
- Article 1er : Aucun citoyen ne pourra porter de nom ou de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance : ceux qui les auraient quittés sont tenus de les reprendre.
- Article 2 : Il est également défendu d’ajouter aucun surnom à son nom propre, à moins qu’il n’ai servi jusqu’ici à distinguer les membres d’une même famille, sans rappeler des qualifications féodales ou nobiliaires.
- Article 4 : Il est expressément défendu à tous les fonctionnaires publics de désigner les citoyens dans les actes autrement que par le nom de famille, les prénoms portés en l’acte de naissance ou les surnoms maintenus par l’article 2 ni d’en exprimer d’autres dans les expéditions et extraits qu’ils délivreront à l’avenir. »
Abrogeant définitivement le nom d’usage en vigueur sous l’Ancien Régime, cette loi impose dès lors le principe de l'immutabilité du nom patronymique et ce, après que, durant une brève période, le changement de nom ait été largement ouvert. En effet, le décret du 24 Brumaire an II avait donné à chaque citoyen la possibilité de changer de nom sur simple déclaration à la municipalité. Heureusement, la Convention s’est ravisée, imposant cette fois définitivement l'immutabilité du nom.
Les titres de noblesse - vrais ou faux - sont abolis, et la loi du 11 Germinal de l'an XI proclame qu' «aucun citoyen ne pourra porter de nom ni de prénoms autres que ceux exprimés dans son acte de naissance». Le décret du 20 septembre 1792 fixe définitivement le système: le nom de baptême devient le «prénom»; le nom de famille, le «nom propre».
Ceci étant posé, d'où proviennent nos noms ?
des noms de baptême,
des noms d'origine étrangère,
des noms d'origine biblique,
des diminutifs,
des surnoms liés au physique, à la profession, au caractère, à une mésaventure ou une position sociale,
des surnoms liés à l'origine géographique,
les noms bourgeois ou nobles auxquels on a ajouté au fil des siècles un nom de terre,
les noms doubles, souvent d'origine montagnarde en raison de l'endogamie, ou issus de mariages bourgeois (ex : Lefèvre-Utile)
Cas particuliers :
les enfants trouvés ou abandonnés de parents inconnus : Le nom de ces enfants trouvés était donné par l’officier de l’état civil lors de leur inscription dans le registre des naissances. Ces noms reflètent ainsi un état d’esprit et peuvent concerner le caractère ou un trait physique de l’enfant, le temps qu’il faisait lors de sa découverte, un nom de lieu, une référence à la religion, mais aussi des thèmes bien plus étonnants.
Le plus souvent, ces noms sont intégralement transcrits mais ils peuvent aussi être déguisés en modifiant leur orthographe et en ajoutant ou en supprimant des lettres ou des syllabes.
Il se peut aussi que l'enfant trouvé de parents inconnus prenne comme nom de famille le dernier prénom attribué dans l'acte de naissance par l'officier d'état civil.
Vous n'en croirez sans doute pas vos yeux, mais voici quelques exemples, tirés de l'article Tirausort, ou les noms donnés aux enfants trouvés :
Noms "Jeux de mots" :
Paul Honais
Pierre Calcaire
Marie Nade
Charles Attans
Joséphine Anse
Vincent Zaux
Amand Diez
Denis Grez
Louis Zianne
Marie Rose Aire
Bain Marie
Albine Hosse
Marie Honnette
Etc. Etc.
les anciens esclaves : L'abolition de l'esclavage a entraîné une vaste campagne d'attribution en masse de noms de famille aux nouveaux libres.
Les esclaves des Antilles n'avaient alors pour identité qu'un prénom, parfois accompagné d'un surnom ou un sobriquet, et à partir de 1839, un numéro de matricule communal.. Ils n'étaient pas inscrits sur les registres d'état civil, les appellations n'étaient pas des noms de famille, elles ne se transmettaient pas aux descendants.
La commission d'abolition de l'esclavage avait recommandé à ses employés d'attribuer des noms variés à l'infini par interversion des lettres de certains mots pris au hasard, comme Décilap, Nitellub, Sioul (anagramme de Louis). Certains reçurent les noms de dieux grecs ou mythologiques comme Vénus et Rémus, de personnages bibliques ou historiques comme César, des noms de lieux géographiques comme Dahomey ou Gabon, des noms de fruits, d'arbres ou de fleurs tels que Pommier ou Tulipe, des noms de métiers ou d'outils comme Lanclume iu Taillepierre, des noms d'animaux comme Aigle ou Lapin, des noms africains comme Anelka ou Angloma mais aussi des noms péjoratifs ou injirieux comme Pasbeau, Passavoir ou Crétinoir.
Article de Sabine Roelandt in Votre Généalogie n° 82
Pour compléter : Anchoukaj
L'histoire secrète des noms de famille : Article Ouest-France du 01/04/2017

À propos de particularismes régionaux, c’est la Bretagne qui détient la plus grande part de noms de familles issus de sobriquets et de caractéristiques physiques et morales.
Des noms différents qui veulent en fait dire la même chose
Le Nord compte donc beaucoup de Lefebvre et la Bretagne de Le Goff. Aucun rapport, pensez-vous ? Sauf que les deux noms désignaient à la base des forgerons. On les retrouve en Alsace avec Schmitt, dans le Sud-Ouest avec Faure ou Haute, dans le Sud-Est avec Fabre, en Lorraine avec Maréchal ou Marchal.
« Il existe plus de 600 noms de famille différents rappelant le forgeron ou le maréchal-ferrant », explique Marie-Odile Mergnac. Dans le même esprit, Boulanger, Fournier, Froment, Boulenc, Pannetier, Blanpain ont la même origine.
Pour le cas de la Savoie, l'association de généalogie Les Marmottes de Savoie nous explique le pourquoi des terminaisons en -az ou -oz , le "z" final ne se prononçant pas, ainsi que la construction des bi-noms (parfois tri-noms !), particularité liée à l'endogamie des villages savoyards et casse-tête des généalogistes amateurs que nous sommes !
A lire ici : patronymes.
Et pour leur signification,voici un lien vers l'index de l'ouvrage de Félix Fenouillet :
Combien y a-t-il de noms en France ?
La France compte 1,4 million de patronymes différents ! Le pays est certainement l’un des champions des noms de famille. En 1900, il en comptait déjà 520 000, mais selon Marie-Odile Mergnac, auteure du passionnant Atlas des noms de famille (Archives & Culture), ces 520 000 noms reposaient sur 70 000 racines anciennes.
Certains veulent dire la même chose à partir de patois différents (voir également ci-dessous), d’autres se déforment au fil des siècles. Ainsi, un Arnoux révolutionnaire peut devenir Renoue au XXe siècle, après s’être transformé en Renou, Renoux. « Les noms sont parfois déformés par les changements de région, la phonétique, les erreurs d’état civil », analyse l’auteure.
Si nous avons gagné près d’un million de patronymes depuis le début du XXe siècle, c’est notamment grâce aux vagues d’immigrations successives, d’Espagne, Portugal, Afrique du Nord, etc.
Aujourd’hui, un nom de famille sur deux en France est porté par moins de dix personnes. « Seulement 1,6 % des noms de famille rassemblent plus de 500 porteurs. » Du coup, au fil des décennies, des noms s’éteignent : on ne trouve plus de Puce, de Teste-Petite ni de Caramba
Pour compléter cette petite esquisse, vous pouvez utilement consulter un exposé fait en 2015 par P. Ancel, de l'association Génécaux : Le nom de famille
Vous trouverez aussi beaucoup de renseignements sur ce site : Géopatronyme et plus particulièrement si vous cherchez : votre nom
Mais pour une information complète, je vous conseille les pages que Jean-Louis Beaucarnot consacre au sujet dans son "Réussir sa généalogie".


Un autre ouvrage très complet sur les noms propres (donc pas seulement de patronymes).
NB : le nom est dit "propre" car il appartient exclusivement ou en particulier à une personne, un lieu...
Voici les 20 noms les plus portés, y trouverez-vous le vôtre ? : 1. Martin 2. Bernard 3. Thomas 4. Petit 5. Durand 6. Richard 7. Moreau 8. Dubois 9. Robert 10. Laurent 11. Simon 12. Michel 13. Leroy 14. Garcia 15. Lefebvre 16. Roux 17. David 18. Bertrand 19. Fournier 20. Girard

En 2014 la Belgique songe à imposer le double nom de famille...article La Croix
Jean Tosti vous propose de retrouver votre nom et son origine sur son site :
Mais je ne suis pas sûre d'y retrouver tous ceux qui suivent...

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