M... comme Monique en Amérique !
- Dominique
- 11 juin 2018
- 5 min de lecture

Un jour, sans raison particulière, je lance : "Et si nous nous faisions faire des passeports" ? Cela se réalise.
Puis, au fil du temps, des après-midis généalogiques de l’atelier de l’UP, je décide de rechercher "du côté" de Jean Marie Barré, frère de mon grand-père maternel, tué à la Grande Guerre. La France de 2014 - 2018 se souvient...

Michel retrouve sa fiche militaire et la lit à haute voix ; le parcours de Jean Marie semble avoir été "compliqué" mais à 23 ans, le 11 octobre 1915, affreusement blessé, il meurt "pour la France" à La Croix-en-Champagne dans la Marne. Quelques mois plus tard, nous irons sur le site ; nous ne retrouverons pas sa tombe ; il repose probablement avec nombre de camarades dans l'ossuaire de St-Jean s/Tourbe, rassemblant de malheureux "Gars" tombés au combat dans la région, et notamment à la Croix-en-Champagne.

Quant à son frère René Barré (17.02.1886 - 14.09.1916), je savais depuis très longtemps qu'il avait fait souche en Amérique. Il semblait très proche de Jean Marie... et j'ai pu reconstituer son parcours grâce aux fiches des inscrits maritimes disponibles sur le site des AD de Loire-Atlantique.

De Nantes - Chantenay (où ses parents s’étaient installés, venant de Briec près de Quimper Finistère pour trouver du travail), il s'embarqua sur le Blct Kohala et arriva, via Shanghaï - Chine, à Aberdeen sur la côte Ouest des U.S.A. - Etat de Washington, le 15.09.1906. Il devint citoyen américain le 29 octobre 1907. Ses tribulations sont relatées par un ami de Monique, Olivier Prunet, historien de la marine sur le forum Pages 14-18.


Le 29.09.1909, il épousa Marie Jeanne Quéffelec originaire de Léchiagat - Finistère, émigrée aux U.S.A. avec sa soeur Marie Corentine. Il meurt à 30 ans, le 14 septembre 1916, laissant à son épouse quatre enfants :
- Charles 1910 - 1996
- Bernard 1912 - 1991
- Francis dit Frenchy (sur sa pierre tombale, il est écrit : Frenchy Barré ; il voulait marquer son ascendance)
1913 - 2000
- Delphine 1915 - 2007
Le recensement 1940 me permet de retrouver la composition de la famille et de voir que Francis ets parti et que l'épouse de Bernard se prénomme Ilya....

Des liens ont été établis entre l'Amérique et la France puisque Marie Jeanne et sa fille Delphine sont venues à Chantenay probablement en 1937, et lorsqu'un petit-cousin est allé plusieurs fois aux U.S.A. (la première fois à bord du France).
Cherchant prioritairement des correspondantes pour nos filles, et souhaitant en connaître davantage sur la famille américaine (je devais être en marche... généalogique), je me suis procuré l'adresse de Delphine ; au fil des années fin 1980 - début 2000, nous avons entretenu une correspondance nourrie, laquelle prend à l'heure actuelle, tout son sens à mes yeux. Elle m'écrivait sur la vie de ses frères, et la sienne bien sûr.
Enfin, grâce à "ce" petit-cousin voyageur, j'ai eu la grande chance de rencontrer Gale , fille unique de Bernard Barré et donc petite-fille de René, de Seattle. Nos grands-pères (maternel pour ma part) étaient frères. Nous sommes sur "la même ligne généalogique".
- La première fois en 2002, ce furent quelques heures lors d'un dîner chez ce petit-cousin, à Grandchamp-des-Fontaines (L.A.). Gale et moi sommes tombées dans les bras l'une de l'autre... très tendrement et intensément... (les liens du sang ?).
- La seconde fois, ce fut encore au cours d'un dîner à Versailles où Gale faisait "étape"... Même émotion familiale...

Un autre jour, sans raison particulière, je lance : "et si on allait en Amérique, voir Gale ?". Cela se réalisera.
Nos deux filles étaient présentes. Pas d'écho... Je demande à Diane l'aînée dont une partie de son activité professionnelle consiste en la recherche de "bons plans" pour des collaborateurs de regarder... au cas où... Elle ne tarde pas à nous présenter une offre pour un vol "Roissy - Seattle" direct, hôtel au coeur de la ville. Immédiatement, je dis OK, et c'est à trois (parents et fille aînée, la seconde ne pouvant nous accompagner) que nous partons ; Daniel et moi de Pornic, s'il vous plaît ! Nantes - Roissy direct, et tout cela -y compris au retour- en passant à travers les grèves SNCF ; Air France posant également des jours de grève, c'est sur Delta Air Lines que nous voyageons.
et, et... le 7 Mai 2018, ça y est,
A nous l'Amérique !

- Très bon voyage - beau temps durant tout le séjour - pas d'attente aux postes frontières (et partout où nous sommes allés) - pas de difficultés.
- Métro "facile" de l'aéroport à l'hôtel (au coeur de Seattle) Mayflower, à l'ambiance quelque peu "luxueuse" et au charme suranné. La chambre est vaste, les lits larges et confortables.

- Intenses et belles rencontres avec Gale qui a mis en place avec Diane un beau et très intéressant programme. Gale nous a accueillis au Mayflower avec la "Veuve Cliquot" ; elle tenait absolument à ce que la première rencontre soit au champagne (lequel fut servi avec un grand et quelconque pot de... cacahuètes, resté intact).
- Décalage horaire (9 h) "zappé" afin de visiter sans tarder et le plus possible cette belle ville de quelque 700.000 habitants (dont 25.000 sans abri, et pour beaucoup perdus à jamais mentalement ; seule ombre au tableau ; coeur serré...).
- Gens polis, prêts à donner des renseignements, apparemment décontractés, peu importe par exemple la façon d'être vêtu ou "fagotté" (sourires discrets de... Français...).
- Prise de conscience d'être au far-ouest : grand chef indien ayant donné son nom à la ville - quartier et musée des pionniers - ruée vers l'or...

Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous.
Extrait du discours (apocryphe) du Chef Seattle en 1854
- Extraordinaire marché où l'on trouve de tout ; les poissonniers, en particulier, font le show en scandant un chant lorsqu'au fil des ventes de saumons notamment, ils se les lancent et les rattrapent au vol... Très drôle, et contents de n'en avoir par reçu un en pleine figure.
- Musées - gratte-ciels (tour Columbia) - waterfront, ...

- Croisière entre des îles pour voir des baleines jusque dans les eaux canadiennes (renseignement donné par la messagerie téléphonique...). Nous n'en avons vu que... la "queue d'une"...
- Cousinade chez Gale le "Mother day". Très chouette.
- Plein d'autres belles et drôles (GumWall : mur recouvert de chewing-gum usagés) "choses" que je ne peux raconter ici (j'ai bien conscience que mon récit est déjà beaucoup trop long).

Enfin, séquence EMOTION pour moi, au cimetière de Cosmopolis où nous retrouvons les pierres tombales de René Barré (et Barré toujours écrit avec l'accent sur le "é") et de ses enfants !!!
C'était incroyable... J'y serais bien restée plus longtemps, habitée par tous mes questionnements et réflexions.
Dans le tout petit village de Cosmopolis (une rue principale et une autre...), repérage des maisons habitées par les Barré...



Aberdeen où René a posé son sac de marin un jour de 1906...
Westport, bain de pieds dans le puissant Pacific (le "sable" me fait penser à des lentilles et les pieds sont noirs)...
D'inévitables et intéressantes "retombées" de ce voyage sont consignées dans mon carnet de route ; l'une d'elles : Gale n'était pas retournée à Cosmopolis -où elle a vécu enfant- depuis... vingt ans. A 78 ans, elle a eu, parfois, un peu de mal à rassembler ses souvenirs... Sur le plan affectif, je lui dois beaucoup et, bien évidemment, notre lien s'en est trouvé considérablement renforcé.


J'ai beaucoup aimé ce voyage "touristique" mais infiniment plus ce "voyage familial".
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