A... comme accident industriel
- Dominique
- 4 mai 2018
- 3 min de lecture
Avez-vous un ancêtre mort à Paris le 31 août 1794 ? Si oui, peut-être fait-il partie du millier de victimes de l'explosion de la poudrerie de Grenelle...

En France, le premier grand accident industriel au sens moderne du terme survient le 31 août 1794 à Paris. La Terreur exige à cette époque une mobilisation forte et rapide de moyens armés. Dans cette perspective, le gouvernement révolutionnaire choisit de concentrer les moyens de production dans des lieux uniques et de tester de nouveaux procédés de fabrication, en particulier pour le raffinage du salpêtre (composé de la poudre) et pour la fabrication de poudre noire. A cet effet, une poudrerie est installée en février 1794 dans le château de Grenelle, près des Invalides. En juin, elle produit 30% de la poudre française ; ses cadences sont augmentées à la demande du Comité de Salut Public. Initialement conçue pour accueillir un peu moins de 700 ouvriers, la poudrerie en emploie près de 1 500 au début de l’été. Le 31 août, vers 7h00 du matin, elle est le théâtre d’une explosion qui fait plus de 500 morts et plus de 800 blessés. Des toitures sont endommagées dans le faubourg Saint Germain, des vitres explosent dans le quartier des Champs-Elysées, des débris de matériel sont retrouvés sur le Chemin de Saint-Denis, à plus de 10 km de distance. Il fallut un an pour réparer les dégâts causés à Paris. (texte Ineris.fr).
D'autres sources parlent de plus de 1000 morts et 2000 ouvriers... Toujours est-il que le rapport le plus complet se trouve sur Aria.
Des articles sur Retronews.
Mais Grenelle, qu'est-ce ?
Le "château de Grenelle", ainsi désigné sur des plans des XVIIème et XVIIIème siècles, se situerait aujourd'hui dans le XVème arrondissement de Paris, entre la place Dupleix et la rue Desaix. Ce manoir dispose d’une ferme et de près de 115 hectares de terres. Sous Louis XIII, il devient la maison de campagne du comte de Tréville, capitaine
des mousquetaires du roi alors que la ferme voisine de même superficie appartient aux chanoines de Sainte-Geneviève du Mont. En 1751, l’Etat achète l’ensemble en vue de créer des revenus pour l'Ecole Militaire. Le château est utilisé, pendant plus de dix ans, comme bureau d'études par l'architecte Jacques-Ange Gabriel, puis la Convention y installe une poudrerie. Ce magasin de poudres n’est désaffecté qu'en 1820, date à laquelle le gymnase militaire du colonel Amoros est installé. Les derniers vestiges du château disparaissent en 1860 avec la construction d'une caserne de Cavalerie récemment démolie (en 1860 les communes de Grenelle et Vaugirard sont annexées par la ville de Paris afin de créer le XVe arrondissement).
Mais revenons aux catatrophes industrielles : d'aucuns font un parallèle avec l'explosion de l'usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001...
Pour mémoire une autre catastrophe industrielle de grande ampleur : la catastrophe de Courrières qui a fait 1099 victimes le 10 mars 1906. Enfant j'ai été marquée par l'incendie de la raffinerie de Feyzin : de certaines victimes ne restait qu'une légère ombre sur le sol... (vidéo sur INA). Une autre catastrophe a fait de nombreux morts en 1959 : la rupture du barrage de Malpasset, mais aucun souvenir de cette dernière...
Encore à Paris, autre explosion de munitions : Le 20 octobre 1915, une fabrique de grenades explose au 174, rue de Tolbiac. Elle provoque une cinquantaine de morts, une centaine de blessés, dévaste les immeubles alentours, et signe la fin de ce type d’industrie dans Paris intra muros.
Voir le blog Des usines à Paris
Un document de Thomas Le Roux sur le sujet : PARIS/INDUSTRIES 1750-1920

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